C’est pour une toute autre raison au départ que je rencontre Marie-Cécile RIVIÈRE élue à Serres-sur-Arget et Présidente de l’AMR09. Je l’invite au pied levé à passer au crible de l’interview pour “Territoires Éducatifs 09”. Elle accepte avec enthousiasme et spontanéité et c’est parti pour le portrait d’une élue engagée dans la dynamique locale et départementale en matière d’éducation concertée.
Une élue qui vibre pour le milieu rural
Tout a démarré par hasard ou plutôt non tout est toujours affaire de circonstances.
Marie-Cécile RIVIÈRE en 2017, alors que l’école est en danger de fermeture de classe et consciente des conséquences pour sa commune, envoie une lettre ouverte aux familles. De cette mobilisation elle entrera au conseil municipal de Serres-sur-Arget. Cela s’est tout simplement imposé à elle.
Elle prend en charge la question de l’école. C’est une année compliquée pour le village et l’enjeu est de taille, l’école est le centre névralgique de la commune. L’accueil des enfants et des jeunes constitue un double enjeu améliorer l’attractivité de la commune en facilitant l’installation et le maintien des familles et faire le pari de l’éducation comme enjeu de développement.
Co-construction et démarche participative
De-là s’ensuivent des projets avec les jeunes : un conseil municipal des jeunes avec la volonté de développer un esprit citoyen et d’attachement au village, et rapidement une première action participative est mise en place avec eux et les habitants : la réhabilitation du terrain de bosses. Tout le monde participe et met la main à la pelle.
Le Conseil municipal des jeunes est mis en place en 2018, les jeunes ont des projets et rapidement il faut pouvoir avoir les moyens de faire et d’agir pour les développer et « assez vite on s’est aperçu qu’on n’était pas des animateurs jeunesse ! ».
Marie-Cécile contacte Nadine Bégou. Elle est mise en relation avec Fabien Guichou et le PAAJIP. Grâce à ce partenariat une animatrice vient 1 samedi sur 2 et anime le CMJ. Course de caisses à savon, travail sur la cohésion de groupe…, une belle aventure s’installe. Cela fonctionne pendant 2 ans avant certains changements puis le covid.
En 2020, l’envie de relancer une politique locale de jeunesse la pousse à faire le tour, avec l’animatrice du PAAJIP (Laura Sonneville qui est aujourd’hui en charge de l’expérimentation AJIR au sein de TE09), des communes de la Barguillère, pour un état des lieux de l’existant (équipement, logistique, projets…).
Elles établissent un portrait de l’action jeunesse dans la vallée. Un nouveau projet collectif émerge, un local est mis à disposition des jeunes à St Pierre-de-Rivière. Mais une perte de financement du poste de l’animateur PAAJIP remet en cause actuellement le projet.
Pour elle, la plateforme Territoire Educatif 09 est importante pour pallier le manque de technicité dans les communes et mettre en relation les ressources et les porteurs de projets. C’est pour cela qu’elle y donne aussi du temps en retour.
Animée par le besoin d’être utile
En 2017, l’équipe a surtout travaillé pour l’école (mises aux normes, rénovation…). Aussi en 2018, des volontés éducatives arrivent. La nécessité d’un ALAE devient évidente. Avec l’aide de Cathy Sené et Nadine Bégou, Marie-Cécile se lance dans la découverte du fonctionnement et des attendus pédagogiques d’un ALAE (« c’est quoi ce PEDT ?! »). Un chantier parti de rien et qui permet maintenant d’avoir un service et une équipe de qualité ainsi qu’un projet éducatif qui a du sens.
Actuellement les nouveaux projets touchent la mise en place d’un parcours éducatif, avec l’aide du Conseil Départemental et aussi la question intergénérationnelle (loto, carnaval à venir).
La question du sens dans le parcours et les rythmes de l’enfant est essentielle, la continuité éducative, être en relation avec les parents. Être élue c’est intégrer ce langage. Marie-Cécile n’avait pas de vocation ou d’engagement pour ce sujet de l’éducation.
La rencontre avec Mélanie Bourbonnois, des Francas, fut essentielle pour incarner ce positionnement et cette politique.
Mise en lien, mise en relation
Continuer à comprendre, à avancer, à aller plus loin en se remettant en question, chercher de nouveaux leviers d’action. Actuellement Marie-Cécile participe à la formation portée par la plateforme dans le cadre du Programme Investissement d’Avenir (PIA) : « Développer la participation des jeunes aux politiques publiques qui les concernent en Ariège ». Avec l’objectif de renforcer ses compétences en matière de démarches participatives et d’expérimenter des postures et outils utiles à leur mise en œuvre.
Elle aime revenir et travailler sur la question de la gouvernance partagée. La ruralité est un terrain d’expérimentation formidable, une stimulation intellectuelle. Mais chacun son rôle, et l’élu·e a besoin de se former et de s’appuyer sur des techniciens.
Le vent l’emporte
Marie-Cécile a besoin d’agir et quand le projet jeunesse est mis en sommeil, elle bifurque sur la culture. Des actions culturelles sont lancées avec d’autres communes de la vallée : festival, cinéma en plein air, L’Ariège Tour avec 7 spectacles en Barguillère (1000 personnes environ), un Automne en compagnies, les mercredis de l’Arget. Une volonté de faire ensemble, portée par les équipes municipales et associatives, la culture est un autre vecteur formidable d’animation en milieu rural.
Marie-Cécile RIVIÈRE est rédactrice de contenu web actuellement et elle se qualifie de « métamorphe » du travail, être soi-même en mouvement dans cet environnement qui change. « En ce sens il me semble impossible de résumer qui je suis… J’aime les fluctuations et les changements de parcours ».
En 2023 son nouveau dada est « Poétisons la politique » : Parler différemment de la politique, faire un pas de côté et redonner envie d’agir !
L’entretien se termine par un conseil de lecture, tout aussi engagé et spontané : « Dites à l’avenir que nous arrivons » de Mathieu Baudin.
« Le poète lève, Il soulève avec lui le monde. »
Edouard Glissant
Interview et portrait réalisés par Catherine Ensminger