Quand les premiers mots échangés avec une personne sont : humanisme, valeurs républicaines, émancipation, bien être…on se plait à entrevoir les richesses qu’elle recèle et le plaisir que l’on va avoir à interagir avec elle. Ces interactions, lorsqu’elles voient le jour, sont les prémices d’une belle aventure humaine et nous renvoient la chance que l’on a à pouvoir les vivre.
J’ai eu cette chance là en rencontrant, en premier lieu dans un cadre professionnel, Virginie Cathala, professeur d’histoire et géographie au collège de Tarascon-sur-Ariège.
Si Virginie n’est pas membre de la plateforme Territoires Éducatifs 09 dans sa configuration actuelle, je présage que, dans un avenir proche, elle pourra apporter sa pierre à cet édifice partenarial départemental, à ce réseau d’acteurs qui s’élargit au fil des défis éducatifs à relever aujourd’hui.
Elle est en tout cas prête à tenter l’expérience et à participer ponctuellement à des groupes de réflexions et de travail qui pourraient naitre de la révision actuelle du projet départemental. Parce que l’Éducation, pour elle, c’est le pilier de la vie.
Tout droit vers l’enseignement !
Arrivée en France vers ses trois ans, native d’Algérie, de parents « soixante-huitards », Virginie débuta sa scolarité dans une petite école de village en Ariège. Elle se rappelle d’une maitresse attentive, qui lui fera porter un regard bienveillant et stimulant sur l’école ; peut-être le début de quelque chose…
Un parcours qui l’amènera du primaire au village, au secondaire au sein de la cité comtale…elle se qualifie alors cependant elle-même « d’élève moyenne ».
Après l’obtention d’un BAC économique et social, elle quitta la « terre courage » pour la « ville rose » afin d’étudier la géographie. Elle s’essaiera à un concours autour de la climatologie, fera un mémoire de maitrise sur les agriculteurs (il faut dire que sa propre Mère était agricultrice) et obtiendra un CAPES en 93.
Mettre en valeur l’humain, toujours !
Son parcours est diversifié, riche, même si elle le qualifiera de « chaotique ». Ses expériences sont plurielles et vous ne m’en voudrez pas de les énumérer ici de manière désordonnée.
Une pluralité qui se traduit donc par diverses situations :
- Maitresse d’internat, ce qui l’a amenée à construire pas à pas sa propre approche des enfants ainsi qu’une empathie grandissante envers ce public,
- Professeur au sein d’une école privée dans le tourisme ; elle va y côtoyer des adultes en situation de handicap et cette expérience lui a incontestablement apporté beaucoup d’humilité, de respect ; elle a la sensation d’avoir reçu encore plus de ces personnes, souvent exceptionnelles, que ce qu’elle leur a donné avec passion,
- Aide-soignante en service gériatrie : elle y vécut des moments douloureux et son humanisme a été mis à rude épreuve, une pierre de plus à « l’édifice Cathala ».
- Une expérience déstabilisante auprès de détenus : confrontée alors aux notions d’enfermement, de privation de liberté… la richesse de l’être humain, même dans les pires situations, va pourtant prendre le dessus !
- Mais aussi, Virginie a été à l’origine de la création d’une association d’aide aux devoirs qui permettait à des enfants de trouver le goût de l’apprentissage en travaillant avec d’autres, en partageant des moments conviviaux autour d’un goûter ou d’activités sportives
- Et pour compléter le tout, depuis une petite dizaine d’années, Virginie forme aux premiers secours. Je vous laisse seuls interprètes de ce qui a pu l’amener sur cette voie…
Permettre à l’individu de trouver le meilleur de lui-même
Aujourd’hui, en tant que professeur de géographie et d’éducation morale et civique, elle soutient, aide, écoute, félicite, accompagne ses élèves et au-delà de leur situation d’élèves, les jeunes qu’elle côtoie.
Sa conception de l’individu et de son rôle d’accompagnatrice dans la révélation de « son meilleur », laisse des traces et donne une couleur singulière à sa fonction.
En résumé elle dira : « MA VIE » (en majuscule) « LES JEUNES » (en majuscule). Et quand on a la chance d’avoir croisé le chemin de Virginie, on sait que ces mots ont un sens, qu’ils ne sont pas des paroles en l’air !
Mais le tableau n’est pas tout blanc, quelques inquiétudes le ternissent…
Son analyse est claire : « Avant, les jeunes se projetaient ; aujourd’hui, depuis quelques années, ils sont perdus dans notre société, ils attendent de nous de multiples rôles ».
La société évolue très vite, l’être humain se replie sur lui-même, les réseaux sociaux prennent de la place, le contact humain, le vrai, se fait plus rare.
Elle citera l’œuvre de Daniel Cohen « Homo Numericus » – août 2022-, qu’elle nous invite à lire : « un livre absolument nécessaire pour comprendre le monde dans lequel on vit ».
Virginie m’a également parlé d’inclusion, là où la société impose à l’humain une forme de formatage, où les moyens ne sont pas mis pour accompagner au mieux.
Tous responsables de nos jeunes
La retraite approchant, Virginie se verrait bien voyager en Afrique et/ou en Amérique du Sud, « de l’eau chaude et bleue, un livre et du chocolat, ce serait l’idéal ». Et si financièrement ce projet s’avérait compliqué, elle aurait toujours sa « vieille bicoque », ferme familiale où elle aime tant se ressourcer, pour prendre une eau chaude devant un feu de cheminée.
Elle nous partage ici ce petit coin de paradis en photo…
Elle laisserait donc à d’autres le flambeau. « Chacun est responsable de notre jeunesse » nous dira-t-elle ! En tout cas nous savons que Virginie Cathala a pris cette responsabilité à cœur et les jeunes, qui ont eu la chance de croiser son chemin, ne diront pas le contraire !
Quant au mot de la fin, et dans un conformisme qui pourrait être banal mais qui est loin de l’être, elle dira avec force de conviction: « J’aime mon métier ! ».
Interview et portrait réalisé par Mathieu Sablé