Pour bien démarrer l’année quoi de mieux que de présenter une personne peu connue et pourtant indispensable à notre partenariat départemental !
J’ai cependant dû un peu insister pour qu’elle accepte cette rencontre et l’idée même d’être mise en lumière.
« Je ne suis pas pertinente, dira-t-elle, il y a d’autres personnes à mettre en lumière avant moi ! »
Mais NON ! Notre responsable de l’antenne du CNFPT de l’Ariège (Centre Nationale de le Fonction Publique Territoriale), fait, pour nous, partie intégrante de la plateforme. Elle est un maillon indispensable de la chaîne en facilitant notamment la vie des coordonnateurs locaux au travers d’un cursus annuel de formation, atypique, qui colle à la réalité de notre territoire ariégeois et de notre dynamique partenariale.
Le Territoire, c’est son credo !
Il faut dire que la question de « Territoire », ça lui parle à Catherine ENSMINGER !
Son parcours professionnel elle l’a construit autour de « l’Aménagement des territoires ».
Lorsqu’elle pose ses valises en Ariège c’est pour suivre un DESS en développement local – aménagement du territoire- au centre universitaire de Foix, dépendant de l’UT2J.
« Je ne suis pas un produit du sud de la France ! » dit-elle d’un air désolé. Mais je suis tombée très vite amoureuse de l’Ariège, des Pyrénées…»
Elle a tout d’abord logé au camping de Varilhes pour son premier jour de formation. Et elle n’est plus partie (Enfin du camping si, elle a trouvé d’autres endroits plus adaptés par la suite pour se loger!) …elle n’a donc plus quitté l’Ariège…ou presque…
Elle a pu bénéficier, à la fin de ses études, d’un dispositif régional qui permettait à de jeunes diplômés d’être mis à disposition d’une collectivité ou d’une structure.
C’est à l’association « Pays du Couserans » que Catherine Ensminger a commencé son parcours professionnel. Elle y a été embauchée par la suite, comme contractuelle de l’association en tant qu’agent de développement local.
Un concours d’ingénieur réussi haut la main allait lui permettre d’aller au-delà de ses responsabilités. Mais comme l’association ne pouvait pas la recruter, elle a postulé au CNFPT. Cathy s’est ainsi retrouvée dans un premier temps à Limoges, puis par rapprochement de conjoint elle a rejoint la délégation midi Pyrénées à Toulouse… Deux départements, dont l’Ariège, ne bénéficiaient alors pas d’une antenne départementale CNFPT ce dernier étant géré par le centre de gestion local.
Qu’à cela ne tienne, l’antenne du CNFPT a été créé pour elle… en 2003…
De fortes convictions !
“Quand je suis arrivée ici je me souviens bien de la problématique animation… j’avais baigné dans le scoutisme. A cette époque j’ai rencontré Isabelle Bouya et Nadine Bégou… et nous avons partagé les difficultés de formation dans l’animation avec des problématiques liés à la non disponibilité des agents, à leur difficulté de mobilité, à leurs niveaux de compétence très différents…”
“Le CNFPT n’est pas dans la plateforme en tant qu’institution mais j’ai tout de suite eu la profonde conviction que l’union fait la force, que nous devions unir nos compétences et nos moyens pour avancer.
L’objectif c’était de proposer une offre de formation au plus grand nombre, de créer un réseau, d’accompagner les territoires dans leurs processus de formation des professionnels, d’alimenter les questions de complémentarité éducative »
La formation en binôme territorial enseignants-animateurs autour de l’éducation à l’environnement en 2007, que nous avons co-porté avec la plateforme, a été une belle réalisation.
De même que la formation proposée aux coordonnateur·rice·s de politiques éducatives locales depuis plus de 10 ans maintenant. C’est un engagement fort de proposer des formations adaptées pour que les personnes montent en compétence et qu’elles se nourrissent du réseau départemental, malgré les contraintes…”
Sortir du cadre, agilité, liberté et équité
“Première grosse difficulté c’est que les coordonnateurs n’ont pas le même statut. Au début on a essayé un partenariat avec les OPCA …mais cela s’est avéré très compliqué ! Les structures en Ariège sont trop petites et favorisent les formations prioritaires”
“Le challenge c’est de rester dans le cadre tout en portant une autre paire de lunettes…et faire preuve d’agilité pour que tout le monde soit formé! On est dans les clous sans être dans les clous. Des obstacles peuvent nous arrêter mais on peut les franchir ! J’ai du mal avec les règles qui ne sont pas justes !”
La formation c’est un retour sur investissement
“On est content quand les gens sont contents, quand on les voit évoluer sur leur poste et utiliser les outils qu’on leur a donné, parfois des années plus tard, mais chacun chemine à son rythme et en fonction de la réalité de son territoire. La formation permet une prise de recul et c’est hyper gratifiant de voir à quel point ça les rend heureux.
Ce qui ne me plaît pas, c’est la rigidité administrative, le fait de ne pas être complètement autonome sur la gestion des dossiers… c’est parfois usant, mais le CNFPT est un formidable outil … il permet d’aider, d’accompagner, de faire progresser.
Ce qui me plaît, c’est la notion de territoire de proximité, le retour direct du terrain, on connaît les sujets, …On est sur un petit département, on peut faire bouger les choses, mettre les gens en lien, les faire se rencontrer. Je prépare le terrain pour que les professionnels travaillent ensemble. Je suis tombée dans la marmite du positif, on est là pour faire plein de choses ensemble. Mais attention, rien n’est jamais acquis…”
Des partenariats fragiles !
Pour exemple elle cite la formation des directeurs d’école sur la bienveillance : “la conseillère chargée de ce projet est partie et c’est depuis en “standby”… je ne sais pas qui relancer… Isabelle Bouya à l’époque m’avait conseillé de faire des conventions, …je ne suis pas trop administrative, je crois en l’humain !”
Elle souligne également la fragilité des relations humaines:
“Si je m’en vais est-ce que tout va s’arrêter ?
Pour l’instant je contribue à des projets innovants. Le répertoire départemental de formations en fait partie, il permet d’échanger, d’expérimenter.
En Ariège on a une posture innovante, on ne réalise pas la chance que l’on a ! Actuellement je vise les ATSEM, le paysage des animateurs est compliqué, mon agilité va être limitée, …”
A la clôture de notre entretien, elle fera référence à son histoire personnelle avec 117 animation jeunes, structure au sein de laquelle ses trois enfants ont été bercés.
« 117 a permis à mes enfants de s’épanouir, de s’émanciper. Ils y ont appris des valeurs humanistes, ont bénéficié de l’apport du collectif et vécu des expériences multiples, ludiques, culturelles, sportives, humaines, solidaires… Je crois profondément aux apports de l’éducation populaire et c’est pour ça que je donne tant d’énergie dans mon métier : pour une éducation émancipatrice tout au long de la vie ! »
Merci donc Cathy d’être à nos côtés pour faire avancer tes idées et les nôtres, pour mettre tes moyens au service du réseau, pour les adapter lorsque c’est nécessaire, pour nous supporter aussi parfois quand nous ne sommes pas tous les jours simples…
Souhaitons en ce début d’année 2023 que ce partenariat qui nous est précieux connaisse encore de nouvelles perspectives !
Interview et portrait réalisés par Magali Terrail