Christine Cassin, notre « effigie » du mois précédent, prépare un portrait singulier qui ne sera cependant prêt que le mois prochain.
Nous avons par conséquent décidé, dans cet intervalle imprévu, de valoriser une jeune stagiaire de passage au sein de « Territoires Éducatifs 09 », qui effectue un master 1 “Politiques Enfance-Jeunesse” à l’UT2J : Anaïs Berdot.
Si le stage fut court, 15 jours, l’enjeu fut de permettre cependant à Anaïs d’avoir un aperçu exhaustif des politiques éducatives dans le département. Réunions partenariales, rencontres des structures locales tant enfance que jeunesse, appréhension des différents métiers en présence, appréhension des missions de coordination, de médiation…
Le parcours professionnel de notre trentenaire a sans aucun doute débuté lorsqu’elle a pris conscience de sa propension naturelle aux relations humaines. Observer, écouter, analyser, comprendre les interactions, être dans l’empathie, amener les personnes à se parler, privilégier le consensus… le tout avec un esprit d’ouverture et une curiosité permanente.

Nous avons nous-mêmes été impressionnés lorsque dix minutes après le démarrage d’une réunion partenariale elle fut en mesure de décrypter les jeux relationnels, les jeux de pouvoir à l’œuvre.
Alors, rien d’étonnant au fait que cette propension l’ait amenée vers une Licence de Psychologie.
« La psycho, dira-t-elle, m’a apportée une dimension de recherche et m’a permis de mettre des mots sur ce que je ressentais, de mieux comprendre les phénomènes psycho-sociaux que je constatais, mais aussi d’approfondir les notions de développement de l’enfant et de l’adolescent. Le tout cumulé à une insatiable envie d’apprendre, de lire, de me documenter pour aller toujours plus loin dans ma réflexion ».
Le plaisir qu’elle éprouve dans ces exercices quotidiens se traduit par un sourire permanent, un enthousiasme débordant et un investissement sans faille dans ce qu’elle entreprend.
Ses amis ou ses collègues de promo apprécient sa simplicité, son accessibilité, son ouverture d’esprit, sa capacité à embarquer tout le monde sur son passage, son intégrité et également son exigence.
Mais ce parcours singulier, elle sait qu’elle le tient aussi et tout d’abord d’un profond ressentiment contre l’injustice. Injustice à laquelle elle a été très jeune confrontée, en tant qu’observatrice sensible, dans le milieu scolaire notamment : une enseignante qui tirait les oreilles, des comportements d’enfants agressifs dans la cour de récréation, des moqueries en tout genre et à la limite du harcèlement parfois…,phénomènes qui, même s’ils ne s’adressaient pas à elle, la laissait triste et impuissante en mettant à mal son hypersensibilité.
Depuis, elle a fait de cette dernière une force, en décryptant en permanence ce qui se passe autour d’elle. Un atout qui ne pourra que lui servir dans son évolution professionnelle.
Ces souffrances vécues en milieu scolaire lui ont également permis d’orienter ses propensions à la psychologie vers le domaine éducatif et vers un public d’enfants et d’adolescents.
Réflexions qu’elle a de plus confrontées au réel en étant, à 24 ans, mère de jumeaux, une fille et un garçon, qu’elle a fait le choix de scolariser à la Calendreta, à Pamiers, parce que cet établissement met en œuvre des pédagogies actives inspirées des techniques Freinet. Un choix qui l’amène également à s’investir bénévolement au sein de l’association, pour aller au bout de ses idées.
Et lorsqu’elle se trouve dans ce cadre-là, comme dans d’autres, dans une impasse liée à un manque de connaissance, elle ne s’arrête pas à l’obstacle : elle cherche, elle se documente, elle apprend, elle questionne, elle remplit sa valise de ce qui va lui permettre d’avancer dans sa réflexion, de trouver des solutions.
L’engagement d’Anaïs est irrémédiablement tourné vers l’éducation, tant et si bien que quand on lui demande quelles sont ses autres passions…elle a du mal à répondre.
Mais le temps de la réflexion passé, on apprend qu’elle danse et qu’elle adore ça, qu’elle chante, qu’elle adore également dessiner et peindre à l’aquarelle, qu’elle adore s’évader dans une lecture qui éveille ses émotions… « ça me repose », dira-t-elle.
Souhaitons aujourd’hui à cet esprit perpétuellement en éveil et curieux de trouver sa voie professionnelle. Espérons qu’un employeur saura lui donner sa place et faire le pari de sa capacité à faire lien autant qu’à faire sens.
Bons vents favorables, Anaïs !
Interview et portrait réalisés par Nadine Begou