C’était le thème des Rencontres Nationales de l’Éducation qui ont eu lieu à Rennes du 27 au 29 novembre et auxquelles nous avons assisté.
Quelles politiques éducatives pour relever les défis de la transformation écologique, sociale et démocratique ?
Quelles innovations pédagogiques initiées dans les territoires pour former à décrypter le monde et engager ses transitions ?
Dans son discours d’ouverture, la présidente de la ligue de l’enseignement, Hélène Lacassagne, alertait :
« En cette période où les repères fondamentaux sont submergés par les vérités alternatives, les négationnismes, où la parole des scientifiques n’est plus entendue, la démagogie populiste est peut-être en passe de l’emporter. Nous le voyons dans notre pays, et à l’international. »
Elle faisait également référence à l’enquête IPSOS* qui quantifie ce que de nombreux éducateurs constatent :
- Seulement 33% des jeunes pensent que la science apporte plus de bien que de mal (ils étaient 55% en 1972)
- Le créationnisme s’installe chez 27 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans pour lesquels « les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution d’autres espèces », mais « ont été créés par une force spirituelle »
- La contestation de l’évolutionnisme se renforce chez les jeunes se déclarant « religieux » et, plus généralement, chez les jeunes de milieu populaire
- Le « platisme », autrement dit la croyance selon laquelle la Terre serait plate, est partagée par 16 % des jeunes, contre 3 % des séniors.
Ces propos prenaient corps dans l’intervention d’Etienne Klein, physicien et docteur en philosophie des sciences :
« Notre cerveau peut prétendre qu’il aime la vérité, mais il a surtout besoin de confort psychique, de se rassurer dans ce qu’il croit vrai. L’actualité, qui donne toutes les thèses et les antithèses qu’on veut, permet au cerveau de choisir celles qui lui font le plus de bien, celles qui confirment nos certitudes.
Et aujourd’hui, avec le numérique et les réseaux sociaux, en quelques clics, il est possible de choisir une communauté numérique qui va devenir le « chez-soi idéologique », proposant des arguments qui vont dans le sens de ce que vous pensez déjà. Des algorithmes astucieux vont vous suggérer des vidéos, des articles, qui vont agir sur vous comme des biais de confirmation. Donc vous n’allez jamais rencontrer de contradiction. Or, la contradiction, c’est le moteur de la réflexion. Le fait de penser, c’est dire non à sa propre pensée, c’est la contester ».
Ces rencontres laissèrent donc place à la contradiction, à la confrontation de sa propre pensée, à des témoignages susceptibles de la bousculer :
- Formation au politique pour éduquer à l’esprit critique
- Éveiller à l’esprit critique dès le plus jeune âge
- Recherche scientifique, quelle place pour les citoyens ?
- Quelle place pour la pratique artistique dans le cadre de l’éducation scientifique ?
- Le droit d’enquête des enfants, de l’esprit critique à la justice environnementale
Une vingtaine d’ateliers au total qui mirent en lumière les nombreuses actions et les nombreux partenariats développés par la ligue pour agir contre les inégalités et participer à l’émancipation du citoyen en lui permettant de développer son esprit critique.
*-Enquête sur la mésinformation des jeunes et leur rapport à la science et au paranormal à l’heure des réseaux sociaux, janvier 2023