Comme des fils qui vont constituer une toile, les articles mis en valeur ce mois-ci sur le site internet TE09 parlent incontestablement des liens sociaux qui se tissent, tel un canevas, grâce aux actions engagées sur les territoires ariégeois ou de niveau départemental :
- Les liens qui existent entre l’éducatif et le social (cf. Une journée d’échange de pratiques sur « Projet éducatif et Territoire »)
- Les liens qui unissent les habitants des territoires (cf. les articles Un SLAM pour le récit d’une rencontre éducative en séronais, Jeu vais au Centre Social à Tarascon, Une cantine en circuit court avec « Courgette et salsifis »)
- Les liens qui se tissent entre jeunes à l’international (cf. Horizon solidaire)
- Les liens qui relient des expérimentations sur la jeunesse rurale (cf. Colloque bilan : « Agir auprès de la jeunesse rurale »)
- Des liens qui stimulent les réseaux associatifs et les enrichissent (cf. Être accompagné pour développer mon association)
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Aujourd’hui, de nombreux sociologues s’accordent à dire que les liens sociaux se délitent. Ce constat renvoie à un certain affaiblissement du rôle intégrateur que peuvent présenter les grandes institutions telles que la famille, l’école, le travail, la protection sociale.
Au-delà des chercheurs, c’est aussi l’ensemble des acteurs sociaux qui font le même constat, parlant également de recul de la cohésion sociale, voire de l’unité nationale.
De-ci de-là sont constatés des problématiques d’insertion sociale dès le plus jeune âge, des difficultés d’insertion professionnelle, des processus d’intégration de populations – paupérisées notamment – voués à l’échec, des phénomènes de montée des communautarismes ou des particularismes, de repli identitaire.
Délitement ou transformation ? Le socio économiste membre du « Mouvement Associatif » Roger Sue refuse de parler d’individualisme et de délitement du lien social au bénéfice de ce qu’il appelle « une recomposition à la base ». Il s’appuie, pour ce, sur le constat que les plus grandes transformations du lien social ont engendré les plus grandes mutations de l’Histoire.
L’observation de l’explosion de tiers lieux naissants, phénomène auquel l’Ariège ne déroge pas, met en lumière la notion de lieux communs d’apprentissage et d’échange. Ces lieux permettent notamment à la communauté, dans la lignée d’une histoire gravée par l’éducation populaire, de réapprendre à imaginer, à bâtir des projets en commun, à retisser des toiles dans des lieux de vie, de l’urbain au rural. “Ils ont pour philosophie d’instaurer des méthodes alternatives d’appropriation et de partage de l’espace en favorisant, outre le lien social, la démocratie, la coopération et l’engagement civique, la rencontre, la transmission de savoir-faire, la collaboration et la production de projets collectifs”.
Ne devraient-ils pas être inspirants dans la négociation du virage que doivent sans doute prendre les services éducatifs, dans leur ensemble ? N’est-ce pas un nouvel enjeu de transformation qui s’offre à nous et qui nous amènerait à relier davantage éducatif et social, à penser différemment l’intégration, le lien aux familles, aux habitants, à expérimenter plus globalement d’autres façons de faire ?
La transition écologique qui nous pousse vers un avenir plus solidaire est sans doute un support intéressant pour amener cette transformation et pour relever le défi.