Ce projet partenarial entre l’Estive, LECGS et le LEP Camel à Saint-Girons est le fruit d’un partage de problématiques communes.
En Ariège, la jeunesse est devenue une priorité des membres institutionnels et associatifs de la plateforme « Territoires Educatifs » dans le cadre du projet départemental pour des politiques éducatives concertées.
Si les problématiques de mobilités sont souvent mises en avant comme facteur discriminatoire dans les territoires ruraux, il faut les ramener à d’autres constats et analyses.
La mobilité des jeunes n’est pas une problématique essentiellement liée à la question de l’accessibilité à des services. Elle est en effet également une problématique sociale, liée aux milieux socio-économiques et aux pratiques culturelles des familles.
D’autre part, il existe un phénomène d’autocensure chez les jeunes en milieu rural et l’Ariège ne déroge pas à ce constat comme l’a montré la photographie des jeunesses ariégeoises.
Si les jeunes ariégeois réussissent bien leurs études jusqu’à la fin du collège, voire mieux que d’autres jeunes en milieu urbain, la courbe s’inverse dès l’accès à des études supérieures. Mobilité, manque de sécurité affective dès que l’éloignement de la famille s’impose… le « non ce n’est pas pour moi » revient régulièrement dans la bouche des jeunes.
Forts de ce constat, les acteurs éducatifs se sont emparés des questions liées à la place donnée aux jeunes en Ariège, au développement de leur pouvoir d’agir, à l’accompagnement de leurs projets et initiatives.
C’est par conséquent dans cette optique qu’ils incitent et accompagnent les territoires dans le développement de politiques intégrées de jeunesse qui privilégient des espaces d’expression et de co-construction avec les décideurs.
Les jeunes sont des citoyens à part entière et leur capacité d’initiative doit être soutenue. Ces initiatives sont vectrices de dynamisation des territoires ruraux et, in fine, de développement local.
Pour l’Estive, amener les jeunes à découvrir des pratiques culturelles est devenu une priorité à partir d’une analyse des fréquentations des spectacles proposés. La programmation est aujourd’hui variée, adaptée à un public de jeunes. Les actions menées avec les établissements scolaires se sont multipliées pour permettre aux jeunes de découvrir « les coulisses », d’éveiller ainsi le goût du spectacle vivant et de développer à la fois leur esprit critique, leur conscience, leur sensibilité…
Le Couserans est un des territoires Ariégeois les plus éloignés des axes de circulation. La population jeune s’y retrouve d’autant plus isolée et connait, de manière forte, les phénomènes d’autocensure évoqués.
Le LEP François Camel est depuis de nombreuses années très avide de projets lui permettant d’accompagner les jeunes dans leur cheminement et de de les rapprocher de la culture en tant qu’outil d’émancipation. S’il vise une plus grande équité sociale dans l’accès aux formations de l’enseignement supérieur, il s’appuie sur des actions qui permettent de remobiliser les jeunes dans leur parcours et d’ouvrir tous les possibles.
Les services jeunesses présents sur les bassins de vie sont également au cœur des questions d’éveil culturel des jeunes et les accompagnent dans leur parcours de vie. Les questions de mobilité sont transversales à l’ensemble des actions qu’ils mettent en place, en favorisant notamment la rencontre avec d’autres jeunes, d’autres territoires, jusqu’à l’international parfois.
Loisirs Éducation & Citoyenneté Grand Sud inscrit les pratiques artistiques et culturelles au sein de son projet éducatif, d’une manière durable et concertée.
« Parce que la vocation de Loisirs Éducation & Citoyenneté Grand Sud est de contribuer à l’éducation des enfants et des jeunes en faisant du temps libre un tremplin à l’épanouissement individuel et collectif, l’approche culturelle est au cœur même de notre projet.
Les pratiques artistiques et culturelles ont pour objectif d’ouvrir à tous, et d’abord aux plus jeunes, un accès aux arts et à la culture qui participe à la construction de la personnalité. Elles contribuent ainsi à la formation de la sensibilité et doivent également permettre à chacun d’émettre un jugement esthétique singulier. À ce titre, elles constituent l’une des composantes essentielles de notre politique éducative car elles participent pleinement à l’effort en faveur du dialogue interculturel, dans le refus du repli identitaire et des dérives communautaristes. Elles jouent un rôle décisif dans la cohésion sociale ».
Le croisement des enjeux et des intentions des acteurs de l’éducation jeunesse et de la culture présentés ci-dessus ont ainsi amenés ces derniers à travailler en partenariat autour d’un projet de création artistique avec un groupe de jeunes Couserannais issus du LEP Camel. Ce projet est ainsi un support à l’éveil culturel de ces jeunes, à leur expression libre et permet ainsi de les accompagner dans leur cheminement vers la réussite éducative et sociale.
L’Action
Le projet fait appel à la Compagnie “À l’ENVI”. Il est animé par Anthony Poupard, comédien metteur en scène et Aurélie Mouillade, danseuse chorégraphe. Ces deux artistes ont déjà mené plusieurs projets de création, avec des groupes d’adolescents, en milieu scolaire et extra-scolaire. Anthony Poupard s’appuie sur les dramaturgies grecques qui traitent tous les grands sujets de société. Il ne s’agit pas de monter les textes d’origine d’abord trop abrupt. Il s’inspire au contraire de grands thèmes correspondants aux jeunes générations à partir des supports que ces derniers affectionnent (podcast, Instagram, ateliers d’écriture…) puis il écrit avec les jeunes, à partir d’eux. Aurélie Mouillade a quant à elle l’habitude de travailler sur l’écoute des jeunes.
Le travail chorégraphique se déroule avec un premier temps d’exploration et de découverte du corps, du mouvement, afin de développer une conscience corporelle, posturale, de placement dans l’espace. C’est un temps dédié également à la création du groupe, de son écoute. Ce travail est relié aux textes, aux enjeux de la pièce et à la structure de différentes partitions chorégraphiques.
Le projet comprend notamment deux séjours en internat pendant les vacances scolaires, afin de faciliter la formation et la cohésion du groupe.
Il associe les familles dans une phase d’information, d’engagement contractuel et de participation aux représentations.
Un animateur coordonnateur de LECGS sera en permanence présent sur la totalité du projet aux côtés de la référente de l’Estive. Ils assurent d’une part la continuité entre les temps mais également le lien entre l’établissement, les jeunes, les familles et les intervenants.
Deux enseignantes référentes de l’établissement sont mobilisées sur le projet ainsi que la documentaliste. Elles garantissent l’implication des jeunes, le lien aux familles et « ouvrent les portes nécessaires »
Les représentations du spectacle auront lieu au mois de mars 2024.
