Dans le contexte sanitaire et social qui est le nôtre, nous ne pouvons qu’espérer retrouver rapidement notre libre arbitre, notre capacité à faire.
N’est-il pas d’ailleurs nécessaire actuellement de reconquérir, en tant qu’individus responsables, notre pouvoir d’agir ?
Paul Ricœur disait « La souffrance n’est pas uniquement définie par la douleur physique, ni même par la douleur mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la capacité d’agir, du pouvoir faire, ressentie comme une atteinte à l’intégrité de soi ».
Nous avons aujourd’hui ce besoin de sortir de cette souffrance, de passer du sentiment d’impuissance qui nous habite au sentiment de pouvoir agir.
Il s’agit de retrouver ainsi notre capacité à influer ou à réguler notre vie quotidienne, à alimenter le moteur de notre émancipation.
La crise que nous vivons a indubitablement mis en lumière la nécessité de redonner place à l’acteur-citoyen en réfutant le consommateur-électeur.
« La démocratie de participation est à la démocratie ce que la pédagogie active est à la pédagogie » dit Jo Spiegel *.
La démocratie ne s’exerce pas essentiellement au moment du vote, elle doit être participative et permanente. « Dans le pays des lumières, il n’est plus acceptable que la démocratie se contente d’être un régime, un moment électoral, une zone de confort institutionnelle ».
Un rapport du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) mettait en évidence en 2017 que 92% des jeunes ruraux n’avaient pas confiance dans les politiques.
Peut-on donc aujourd’hui accepter cela ?
Partir du potentiel d’inventivité, de coopération de chaque jeune, de chaque citoyen pour construire une société, ne devrait-il pas être le socle de toute action politique ?
La présentation détaillée ci-dessous de l’expérimentation « Jeunes en milieu rural » que mène la plateforme « Territoires Educatifs », vise à inciter chacun à porter un autre regard sur les jeunes de nos territoires ruraux, à leur reconnaitre ce pouvoir d’agir, ou à leur donner envie de le mobiliser, pour changer leur environnement proche.
Mais il n’y a pas de changement qui ne soit ancré, territorialisé. Le changement vient du colibri, de l’acte que pose chacun à l’échelle de son territoire vécu.
Les coordonnateurs des politiques éducatives locales ont eu l’occasion de travailler avec Laurence Barthe en 2020 et 2021 sur ce qui fait Territoire. Le troisième et dernier module de formation, présenté également ci-dessous, a mêlé les deux notions de « pouvoir d’agir » et de « territoire », au travers d’une démarche prospective qui visait à imaginer son territoire dans 20 ou 30 ans.
Une démarche du sensible qui articule démocratie représentative et démocratie participative et qui permet de se dire que « Nous avons décidé de décider ensemble », c’est possible !
*Jo Spiegel – 2020- « Nous avons décidé de décider ensemble » – Editions de l’Atelier